Le Parti Communiste Irakien - Solidarité avec le mouvement populaire grandissant du peuple

Le Parti Communiste Irakien

                                                                        Paris, le 11 septembre 2015

Solidarité avec le  mouvement  populaire grandissant du peuple irakien contre la corruption, le sectarisme et le terrorisme

A l’heure actuelle, Bagdad ainsi que plusieurs villes du centre et méridionales d’Irak sont le siège d’un large mouvement populaire et citoyen sans équivalent depuis plusieurs décennies.

Chaque vendredi depuis le 31 juillet 2015, ce sont des centaines de milliers d’Irakiennes et d’Irakiens, toutes appartenances politiques, religieuses et sociales confondues, qui viennent manifester en nombre place Tahrir (place de la Liberté) à Bagdad et dans une dizaine de grandes villes du pays pour dénoncer la corruption endémique qui ruine leur pays avec des mots d’ordre explicites :                                   

« Non à la corruption »

« Non au sectarisme »

Au départ à l’initiative des forces civiles et démocratiques, les protestations ont ensuite reçu le soutien de la plus haute autorité chiite en provenance de Najaf.

Ce soulèvement populaire est l’expression de la colère populaire qui ne saurait être mise en sourdine plus longtemps.

Les raisons de cette légitime colère sont multiples et profondes. Elles trouvent leurs racines :

- dans l’échec, désormais incontestable, des gouvernements fédéral et provinciaux à former une gouvernance nationale du fait d’une répartition des pouvoirs sur la base de quotas ethniques et religieux 

- dans l'incapacité des autorités à diriger le pays, à la fois aux niveaux fédéral et provincial,

- dans l’incapacité des autorités à servir les intérêts du peuple et du pays en commençant par l’échec à fournir le strict minimum en termes de sécurité et de services publics de base, seuls préalables permettant d’assurer à chaque habitant une vie digne et décente

- dans l’incapacité  des autorités à faire face  d’une manière efficace et effective au terrorisme et ses instruments, au premier desquels figure l'organisation terroriste DAESH.

Si le manque d’électricité durant cet été exceptionnellement chaud a certainement  déclenché les premières manifestations, les demandes de la population se sont vite intensifiées au profit d’une lutte sans relâche contre la corruption en commençant par demander aux corrompus de rendre des comptes. Dans le viseur, ceux qui occupent les plus hautes fonctions de l’Etat. Par ailleurs, la population est consciente que la lutte contre la corruption renforce la lutte contre le terrorisme puisque les deux fléaux se nourrissent mutuellement

La population appelle donc à des mesures et à une réforme politique de grande ampleur et à une réforme du système judiciaire sans laquelle les autres réformes ne pourraient pas être mises en œuvre - qui puissent répondre à l’urgence de la situation devenue insoutenable au quotidien pour une majeure partie des familles irakiennes.

Grâce au caractère national et populaire des manifestations, à la légitimité des demandes exprimées ancrées dans une réalité qu’il n’est désormais plus possible de nier, aux slogans, de nature pacifique et civile, les manifestants ont exercé une énorme pression populaire sur le gouvernement et le parlement et les ont forcés à réagir rapidement.

Ce qu’ils ont fait en annonçant une série des réformes. Cependant, l'autorité judiciaire, n'a quant à elle pas encore répondu aux demandes de réforme.

Le Parti communiste irakien a examiné l’ensemble des réformes et les a déclarées positives car prenant la bonne direction mais demande à ce qu’elles soient complétées par des réformes plus profondes.

Notre parti a également souligné la nécessité de maintenir la pression populaire pour assurer la bonne mise en œuvre des réformes.

Après cinq semaines de manifestations de masse et après un mois depuis l'annonce du programme des réformes, ce qui a été effectivement accompli par les gouvernements n’es pas à la hauteur des enjeux.

Compte tenu du fait que le Premier ministre irakien n'a pas encore présenté sa vision complète du processus de réforme et de ses mécanismes, que le remaniement de l’équipe politique et gouvernementale sur lequel le premier ministre compte s’appuyer pour mener les réformes n’est que cosmétique, que les premiers affectés par les réformes en particulier les corrompus sont entrés en résistance et de l’ingérence extérieure flagrante, il est essentiel de poursuivre et d'intensifier la pression populaire et la mobilisation de l’opinion publique afin que le processus de réforme soit mené dans les différents domaines.

En ce moment historique de protestation populaire en Irak qui intervient en pleine crise migratoire à l’échelle mondiale, la résonance de ce mouvement est de portée régionale sur tout le Proche et Moyen-Orient tout autant que mondiale. Ce mouvement de grande ampleur, qui a vocation à faire rompre le cycle mortifère entraîné par la corruption et le terrorisme a plus que jamais besoin que la solidarité internationale s’exprime aux côtés du peuple dans son combat pour réformer le pays et le système politique, pour mettre fin à un système sectaire de partage du pouvoir, pour lutter contre la corruption et poursuivre les corrompus, pour relancer l'économie nationale, pour obtenir des services publics de qualité et pour lutter contre le DAESH.

Le combat est immense mais il n’est plus possible ni de le nier ni de le réprimer tant la révolte est grande et les forces de ce combat grandissantes.

Le parti communiste irakien, membre de l’alliance civile démocratique, appelle à l’indispensable soutien politique et moral au peuple irakien et à toutes les forces démocratiques qui œuvrent à l’intérieur du pays pour la paix, la liberté, la justice sociale dans un Irak démocratique et fédéral unifié.